Pour dire vrai, j’avais commencé, il y a deux semaines environ, la rédaction d’une newsletter, quasiment terminée. Pourtant, le sujet a frappé à ma porte version door back-kick option “this is Sparta”. Les chroniques mitigées, les reviews négatives, c’est un sujet de débat récurrent dans la sphère du booksta/tok. Aussi vieux que le téléchargement illégal et “faut-il avoir une commu pour être édité.e ?”. Autant dire que, parmi ces sujets aussi poncés que ma pierre anti-stress, j’ai BEAUCOUP de choses à en dire. Et que plutôt que de me répéter tous les 6 mois, c’est-à-dire à chaque fois que le thème revient de manière périodique sur les réseaux sociaux, il me semble plus pertinent, encore une fois, de l’expliquer au moyen d’une lettre. Parce que les RS ne prêtent pas au débat, tant dans le fond que dans la forme.
Mais avant cela, bonjouuuuur-hân tout le monde ! J’espère que vous êtes encore en vie malgré les fortes chaleurs estivales ! Missa Ielenna, je hante les internets et traumatise mes lecteurices depuis 2006 et autant dire qu’après presque 20 ans, j’ai BEAUCOUP de choses à en dire. Je suis spécialisée dans les récits de l’imaginaire et j’ai presque 20 romans à mon actif (oui oui, je refaisais le point… 14ème, Persona avec ses 4 tomes, 18ème les dragons, 19ème les sorcières… oh damn, le prochain sera le 20ème). Je suis passionnée par tout l’essor de l’écriture et de la lecture sur internet, mais également de thèmes engagés dans la littérature (mon dada du moment étant le traitement des masculinités au travers des personnages ; c’est d’ailleurs la thématique principale du prochain à paraître !).
Vous êtes désormais 1000 tout pile à suivre cette newsletter (probablement moins au moment où j’appuierai le bouton “envoyer”, because, certain.e.s se rappellent fortuitement qu’iels me suivent, et c’est OK, that’s life). Mais mille mercis aux 1000 lucioles ! Un an plus tard, cette newsletter a pris un envol certain, même si mon programme démentiel des dernières semaines m’a empêchée d’être plus régulière.
Dans ces lettres, où j’aime exposer mon avis sur un certain nombre de sujets autour de la littérature (notamment de genre, car c’est là-dedans que j’évolue) et de sa consommation sur internet, il est possible que vous ne soyez pas d’accord avec tout. Et c’est complètement OK. Je ne donne que mon point de vue, appuyé par mon expérience personnelle, qui variera sûrement de la vôtre. Mon opinion ne prévaut pas sur la vôtre, mais elle pourra apparaître, dans votre répertoire mental, comme une alternative possible. Là est tout mon point. Dans une société où nous devrions sans cesse n’avoir qu’un seul avis valable, je préfère soutenir l’idée que, pour un même sujet, nous gardions en tête, autant d’opinions qu’il n’y a de points de vue, pour aiguiser, à la fois, son empathie (c’est-à-dire la capacité à se mettre à la place de l’autre, sans avoir à la vivre) et son sens critique, en se rangeant à l’opinion qui correspondra le mieux à nos principes tout en ayant une connaissance globale du sujet et de ses implications (et là vous vous dites, “pourquoi ai-je ouvert cette lettre… qu’est-ce qu’elle baragouine encore”).
As always, j’aime ponctuer mes ✨blabla chatoyants✨ de GIF nuls et de références de millenial. J’assume cette part de ma bofitude inhérente à ma génération, en me disant que, ça se trouve, un jour, des archéologues numériques (je vous jure, je suis sûre que ce métier existera, et je balance cette idée de concept SF pour celleux qui voudraient de l’inspi pour un roman !) étudieront mon contenu avec soin.
Et si vous ne vous êtes pas encore inscrit.e et que vous désirez subir mes galimatias, n’oubliez pas de vous abonner !
C’est parti, mon kiki !
✨ Le temps des forums
A défaut de parler de cathédrales (TMTC), je vous propose, une fois n’est pas coutume, de débuter cette lettre par un petit retour dans le passé. Quand j’ai commencé à écrire, puis à partager mes écrits sur internet, dans les années 2000, Wattpad n’existait pas. J’ai commencé à poster mes textes sur des forums. Des espaces communautaires numériques, généralement autour d’une thématique, avec plusieurs sections pour partager nos lectures, nos avis, nos coups de gueules, nos textes aussi, parfois. Ayant commencé sur un forum Eragon, j’ai par la suite migré sur des forums beaucoup plus spécialisés dans l’écriture. En effet, au-delà des “OMG c’est trop bien, vivement la suite !”, j’étais en recherche de retours plus complets. Que ce soit pour me brosser dans le sens du poil version constructif ou pour me pointer mes faiblesses.
J’ai grandi, jeune autrice, avec l’idée que mes textes étaient, de toute façon, loin d’être parfaits, et j’étais activement dans cette quête d’amélioration. Là où j’aurai pu rester dans mes petits forums confortables où les compliments pleuvaient à foison, j’étais en besoin de l’avis de mes pairs. D’auteurices plus expérimentés. Certains ont fait leurs armes sur d’autres sites/forum du même genre, comme CoCyclics ou Plume d’Argent (et sont aujourd’hui également des auteurices qui dédicacent à mes côtés). Et ce n’était pas des avis en mode liste “points forts / points faibles”. Non non. Je vous parle de retours qui se comptent en page Word. Avec des citations de phrases décortiquées pour expliquer ce qui va, ce qui ne va pas. C’était. Un truc. De malade. (je dis ça parce que je serai incapable de consacrer autant de temps là-dessus en 2025 !)
Car, en effet, c’était une histoire de réciprocité. Certes, nous recevions des avis sur nos textes, mais nous devions, a contrario, prendre le temps d’étudier le texte de nos compagnon.ne.s de plume pour en proposer un retour. Une entraide bienveillante. Nous nous tirions tous vers le haut. Il n’était pas question de défoncer le texte du voisin pour se mettre en valeur. Au contraire, l’expérience nous a appris à nous méfier des termes à employer dans nos retours pour éviter de blesser. User du plus de tact possible, rester dans la bienveillance quoi qu’il arrive, avec un désir que l’autre en face s’améliore. Le risque étant aussi qu’en cas de manque de diplomatie, le retour de flammes sur nos propres textes ne se ferait pas attendre ! Bref. C’était EXTRÊMEMENT instructif sur la manière de proposer un œil camarade (parce que nous n’étions qu’amateurices à l’époque) sur les œuvres des autres.
✨ Skyrock & Wattpad era
Si vous avez connu Skyblog pour ses GIF à paillettes épileptiques, ses langages SMS, ses dessins en symboles qui nous prenaient trois heures chacun et ses récits de collège d’ado fans d’Avril Lavigne et d’Evanescence, entre deux fanfictions de TokioHotel, c’est aussi devenu pour beaucoup d’entre nous un refuge pour nos textes. Un espace complètement personnalisable, à l’image de nos romans. C’était notre petite révolution !
J’ai débarqué sur Skyrock dans l’idée de toucher encore une fois un nouveau public. De redevenir anonyme et de récolter d’autres avis complémentaires sur mon histoire du moment qui était le premier jet des Chroniques des Fleurs d’Opale. Tout redémarrer à zéro, espérer en tirer une expérience positive et enrichissante. Ce qui a été le cas !
A l’image des forums, nous avons formé des communautés et s’entre-lisant les uns les autres. Mais c’était aussi s’exposer plus facilement à la critique publique et gratuite. Des retours malveillants anonymes, j’en ai eus, et pas qu’un. Qu’ils soient ou non motivés par la jalousie, ces retours lançaient forcément une rocket dans ton moral. Même si certains points pouvaient s’avérer pertinents. Et j’avais tellement d’audace que je les lisais en entier et que je les prenais à revers. Ma vie d’autrice, de toute façon, n’a été qu’un continuum de “je vais te prouver que tu as tort”. Je ne vais pas te le dire ; je vais te le montrer. Le plus gros ayant été bien sûr “les fanfictions sont forcément des écrits bas de gamme” qui m’a poussé à écrire une fanfiction de 8 tomes pendant 10 ans pour prouver que non. Et le dernier en date, évidemment, ayant été “la saga Persona ne se vend pas assez”, le tout m’ayant mené à cette campagne de précommandes Ulule assez incroyable (avec les packs secrets qui n’apparaissent pas dans les chiffres, on monte à plus de 800 duos de tomes 3 et 4 précommandés en version imprimée + les ebooks. Ce qui est très honorable pour une fin de saga portée seule !).
Je me suis blindée comme j’ai pu, mais surtout, j’ai appris à en tirer parti. Je comprenais déjà, à cette époque, que les retours étaient personne-dépendante, et donc, pas toujours bons à prendre. Que ce soit parce que certains genres répondent à leurs codes (et recevoir par exemple l’avis d’un auteur de SF sur ton texte de fantasy demande un peu de recul), parce qu’il y a des questions de goûts et d’habitude. Des avis contradictoires, j’en ai vus passer des dizaines. Trop rapide/lent, personnages lisses/compliqués, pas assez/trop de romance… Finalement, était-ce possible de prendre en compte les avis de TOUT le monde ? Non. A moins d’écrire cent variations de la même histoire. Ce que j’ai appris, c’est surtout à aiguiser ma plume et à prendre parti sur les sujets que je voulais défendre. J’ai énormément appris sur des savoirs stylistiques, prêté attention à mes syntaxes, aux effets donnés par mes mots. Bref, sur la TECHNIQUE. Le fond, le contenu, pouvait avoir ses critiques, mais ce n’était pas tant ça qui m’intéressait : c’était davantage “comment mieux réécrire mes scènes pour servir mes messages”.
Sur le fond, disons que cela faisait partie d’un tout, concernant la déconstruction de mes biais. Comprendre que tel dialogue pouvait être mal interprété, que telle description n’était pas flatteuse, que telle relation n’était pas aussi saine par rapport à la manière dont je la vendais. Cela passait évidemment par les remarques, certes, mais le processus a été long et comprenait d’autres facteurs. A savoir ma consommation d’autres médias, films, podcasts, essais et articles de blog, et mes propres expériences sociales. S’améliorer sur le “fond” demande un effort bien plus conséquent, selon moi, que de prendre en compte quelques avis épars. Il faut les appréhender, les comprendre, pour mieux les retravailler ensuite.
Tous ces retours constructifs, plus ou moins pertinents, je les ai clairement perdus sur Wattpad, quand j’y ai migré vers 2013. Là, c’était réaction spontanée sur réaction spontanée, mais AUCUNE remarque sur le style, sur le fond de manière hyper poussée. Plus personne n’allait me proposer une dissertation sur la psychologie de mon personnage principal. On était clairement dans une optique de divertissement pur et de système de remerciement par des “MAIS NOOON ???! °0°”. Ce n’était pas moins intéressant, car ça m’a permis de saisir quels passages, quels personnages, faisaient réagir le plus les lecteurices. LMA était clairement une histoire interactive. Parce que j’ai bien analysé que certains personnages avaient plus de succès, parce que j’ai compris que telle ou telle relation faisait réagir, j’ai orienté mon intrigue dans ce sens (surtout pour mieux mener tout le monde en bateau et prendre à revers).
Mais disons que ce n’était pas des retours qui me permettaient de gros retravail, et quelque part, tant mieux, ce n’est pas ce que je recherchais dans le cadre de cette fanfiction, puisqu’elle n’était pas destinée à l’édition. En revanche, je comprends qu’un.e auteurice biberonné.e aux retours Wattpad se retrouve tout à coup désarçonné.e face à une critique de 5 pages word qui explique par points les qualités et défauts de son récit. Tout de suite, on serait tenté.e de considérer cela comme une attaque. Et c’est vrai que, quand on est pas dans une démarche de vouloir s’améliorer en usant des bonnes plateformes pour ça, recevoir un tel retour peut être très violent.

✨ Quid d’un travail éditorial
Maintenant, je dois passer par la case “théorie” et expliquer un peu les différentes étapes par lequel passe un roman quand il traverse le processus éditorial. Alors, PAR CONTRE, je vais nuancer : comment cela se passe pour moi. Parce que j’ai un parcours extrêmement atypique. Je suis certainement l’une des très rares autrices à ne jamais être passée par le système classique des soumissions éditoriales. Je n’ai jamais ressenti l’angoisse d’envoyer un manuscrit à une ME qui ne me connaît pas et j’ai l’immense privilège de ne jamais avoir reçu ce tant redouté “non”. J’ai signé avec trois maisons d’édition (bientôt quatre 👀) avec un système de “partenariat”. Soit la ME m’a repérée et m’a demandé un texte de ma composition (même si j’ai du attendre le “oui” après envoi du manuscrit final), soit c’est en discutant avec des éditeurices avec lesquel.le.s je suis en contact pour convenir du projet, et signer sur synopsis (voire juste sur pitch). Je compte consacrer une lettre complète sur mon parcours atypique, du fait que je fasse TOUT à l’envers et comment je le ressens, car, malgré l’immense privilège, ce n’est pas facile tous les jours, et c’est même parfois extrêmement déroutant. Car je n’ai personne à qui en parler, à qui référer, car… personne n’a jamais vécu une situation comme la mienne !
Généralement, je débute l’écriture du manuscrit de mon côté. J’explique le pitch oralement ou par messages à mon mari, à mes amies les plus proches, pour avoir leurs premières réactions. J’expérimente, je teste mes personnages, afin de leur trouver une voix (plus ou moins facilement). Ensuite, même si ça ne m’est pas systématiquement demandé, j’envoie les premiers chapitres à la ME pour un premier retour, savoir si je ne fais pas fausse route. Cela me permet par exemple de modifier l’intrigue (ex : pour Rosaces & Dragons, le protagoniste avait 13 ans dans la première version, il est passé à 17 ; et on a décidé d’ajouter de la romance, ce qui n’était pas prévu au départ… et en fait, mon éditrice avait raison, c’était le meilleur choix pour soutenir les messages de l’intrigue !), de changer le style (ex : pour les sorcières, j’étais au départ partie sur une histoire à la 3ème personne. Après 10 chapitres, je me suis dit que la 1ère personne passerait beaucoup mieux, et mon éditrice m’a donné carte blanche). Bref, de ne pas avancer dans le vide, sur une fausse route qui me demanderait énormément de travail par la suite.
Dès ce moment des premiers retours, il est toujours nécessaire de prendre du recul. Accepter la critique et les changements, par exemple, mais aussi garder ses positions et ses certitudes par rapport à son texte. Certains points peuvent être touchy, car ça titille nos cordes profondes, mais je choisis aussi de faire confiance à mes éditeurices, qui restent des professionnel.le.s et veulent le meilleur pour mes textes. Et puis, parfois, il faut tenir bon.
Je me souviens en particulier du retour sur la première moitié du tome 1 de Persona, sur lequel on m’a dit que la princesse Eloïse était un personnage trop manichéen et trop facilement colérique, qu’il faudrait peut-être la nuancer dès le début, la rendre plus appréciable, en faire un personnage “gentil” mais antagoniste via l’intrigue. J’ai catégoriquement refusé, car je connaissais le personnage et son évolution dans l’intrigue, pour, JUSTEMENT, au fil des tomes, lui donner un arc de rédemption à la hauteur. Mais pour mener ce travail de longue haleine, il faut que le point de départ soit clairement défini. Eloïse n’est pas “appréciable”, ce n’est pas son but ! Au début, c’est une énorme biatch, c’est une Cersei Lannister en puissance. C’est une manipulatrice, brillante et colérique, sensuelle et dangereuse, un démon qui se fait passer parfois pour un ange. J’ai donc décidé de ne pas écouter cet avis, de m’opposer aux souhaits éditoriaux, et je ne le regrette absolument pas. Le personnage en ressort bien plus complexe et crée de l’ambiguïté dans le lectorat, qui ne sait pas tout à fait s'il faut l’apprécier ou non. La faire “gentille” aurait, justement, à mon sens, été manichéen. Et les gens ne sont pas tous “gentils” de toute façon. J’aime apporter des personnages criant de réalisme dans mes romans, avec leurs failles, parfois de la taille du grand canyon.
Pendant l’écriture, il est possible que je fasse appel à une alpha lectrice, souvent une amie proche, qui relit mon histoire chapitre par chapitre. Mais finalement, je l’ai fait assez peu sur mes derniers one-shot, davantage sur Persona. Parce que c’est très contraignant pour la personne en face ! C’est une disponibilité permanente, un besoin de retour rapide, c’est un boulot à part ! Donc je remercie mille fois mes alpha de l’époque sur LMA, et surtout Amina et Chloé-Alizée pour les tomes de Persona !
J’ai un autre alpha/bêta très particulier : c’est mon mari. Mon mari écrit aussi ; nous nous sommes rencontrés parce que nous écrivions tous les deux des fanfictions Harry Potter à l’époque, en 2012. L’écriture occupe donc une place importante dans notre vie à deux et nous nous entre-lisons. Pourtant, nous n’écrivons pas du tout dans les mêmes genres. Moi fantasy, lui plutôt science-fiction et thrillers. Il est clairement mon meilleur allié… même s’il n’hésite pas à y aller à l’arme nucléaire sur mes propres écrits ! Il est un excellent bêta-lecteur, soulignant à la fois ce qui va, très spontané sur les réactions concernant les personnages, mais me postant parfois des PAVES de commentaires que Word ne peut pas ouvrir en entier dans la colonne consacrée. Des points de désaccords - voire des disputes - nous en avons eus beaucoup par rapport à mes textes ! Dans cette situation, j’avais deux choix : soit défendre mon point de vue, argumenter pour garder ma situation initiale ; accepter le changement, faire le deuil de ma première version et modifier la scène/le contenu.

Une fois le manuscrit terminé, je l’envoie à mes bêta-lecteurices. Soit par mail, soit en travaillant tous ensemble sur le même Google Docs. Selon les délais, soit j’attends les retours des BL pour l’envoyer à la ME, soit je l’envoie en parallèle. Mes bêtas-lecteurices sont généralement une dizaine par projet. Je les sélectionne sur plusieurs critères : déjà, il est vrai, que j’ai parfois tendance à garder les mêmes personnes de confiance, car je sais comment elles travaillent, que leurs commentaires sont pertinents et, sans toujours aller dans mon sens, qu’ils sauront me challenger ; certaines, parce qu’elles sont lecteurices dans des comités ou même assistant.e.s éditoriaux pour d’autres ME, et donc avec un regard professionnel aiguisé ; ensuite, en fonction des affinités des profils par rapport au projet. Pour Persona, par exemple, j’avais un panel extrêmement complet au niveau des représentations, parmi : quatre personnes racisées (de différentes origines ethniques), une personne trans, deux personnes grosses, deux personnes TSA, une lectrice soeur d’une personne TSA, une personne asexuelle, une personne polyamoureuse. (les champs pouvant se recouper, évidemment). Car même si je suis concernée par certains de ces champs, je ne suis pas exempte de biais. Leurs expertises de leurs situations personnelles m’ont permis de savoir si mon texte était correctement représentatif et cela m’a obligée à être très vigilante par rapport à d’éventuelles maladresses issues de mes fameux biais tout au long de l’écriture et du processus de réécriture. Parfois, elles m’ont corrigée, parfois, elles ont validé mes lignes. C’était en tout cas une démarche personnelle qui me semblait essentielle pour ce genre de projet, même si cela n’allait pas m’absoudre pour autant. Je devais rester dans l’optique d’écrire de la manière la plus juste possible. Pour Rosaces & Dragons, j’ai pris le parti d’avoir un panel paritaire : autant d’hommes que de femmes parmi les BL ! Ce qui me semblait indispensable pour un livre traitant des masculinités ! Et cela m’a fait extrêmement plaisir d’avoir un retour de ces lecteurs hommes qui se retrouvaient énormément dans les vécus de Carl, tant concernant ses pensées intérieures, que son rapport aux autres hommes ou à la société patriarcale en général.
Quel que soit le cas de figures, les BL me permettent d’avoir un premier regard d’ensemble. Ils sont le panel crash test. Et si la même remarque négative revient plusieurs fois, alors oui, le passage mérite d’être revu, je ne me pose même pas la question. J’ai parfois dû retirer, rajouter des pages entières, voire des chapitres. A ce stade du travail, cela ne dérange pas. Ca fait partie du jeu. Iels ne sont pas là pour me brosser dans le sens du poil (mais je demande toujours à ce que cela soit fait avec bienveillance. Car la franchise n’autorise pas à se comporter comme un trou de balle).
Pour la suite, tout dépend de la ME. Pour Persona, par exemple, j’ai eu le droit à un suivi supplémentaire par une préparatrice de copie, Sophie, qui, désormais, connaît l’univers de Lux aussi bien que moi, et retravaille à 200% le fond. Elle me pousse dans mes retranchements, me posant plein de questions, parfois complètement absurdes, mais juste pour que je puisse répondre de manière argumentée et que je construise un monde et des personnages cohérents. Pour ne laisser aucun point d’ombre. Sophie est aujourd’hui devenue une amie et je suis infiniment reconnaissante qu’elle continue de m’aider pour les tomes 3 et 4.
Et puis. Et puis. Il y a les corrections éditoriales, AKA l’expérience de l’humilité extrême. Imaginez votre manuscrit. Et plus de 1500 annotations. Pour corriger, pour supprimer, pour modifier.
Généralement, je passe un soir où je repasse tout en diagonale pour en prendre connaissance. Ca fait l’effet d’une bande de cire recouvrant l’intégralité de ton corps et que tu arraches PETIT A PETIT. C’est LONG, c’est DOULOUREUX. Mais il faut. Et ensuite, je ne corrige rien de suite ; je vais me coucher en étant persuadée que je ne suis qu’une sombre merde. 💩
Alors, évidemment, dans la réalité, ce n’est pas insurmontable, et mes éditrices ont toujours été extrêmement diplomates, même pour me faire comprendre que tel ou tel paragraphe était VRAIMENT NUL ou a minima incompréhensible. Ca demande du temps et de la résilience. C’est une expérience qui rend humble. Mais tu le fais. Pour le bien du texte (même si, une fois encore, on n’est pas obligés de tout accepter. Le texte reste le nôtre, mais j’ai toute confiance dans les compétences de mes éditrices). Comme on dit dans le milieu, un roman (traditionnellement édité), c’est le fruit d’une histoire d’amour entre un.e auteurice et d’un.e éditeurice. On est là pour le porter, au travers d’un partenariat de confiance, dans l’intérêt du roman.
A la suite de cela, plusieurs possibilités. Un.e correcteurice qui repasse derrière, généralement (je ne détaillerai pas le process), parfois un.e autre éditeurice, un.e assistant.e édito, voire la.e directeurice de collection, qui relit une dernière fois pour avoir un regard “extérieur”. Le BAT, qui est lu, et relu (si vous écrivez une histoire que vous voulez publier, soyez prévenu.e que cette histoire, vous la lirez entièrement au moins 5 fois. Alors écrivez quelque chose que vous aimez lire !).
Et puis, TADA ! Le livre sort ! Parfois, il est présenté aux libraires et à certaines sphères de presse et d’influence pour des premiers retours. Mais ils finissent par arriver entre vos mains.
✨ Critiques insta
Alors. Maintenant que je vous ai expliqué tout le processus, comment réagiriez-vous si on vous disait :
Si tu n’acceptes pas la critique, c’est juste une question d’ego trop gros ! C’est important de rester humble !
Petit contexte quand même autour de tout ça, notamment si vous n’évoluez pas dans ces sphères des réseaux sociaux que sont bookstagram et booktok.
Les dernières années ont vu l’émergence de nombreux comptes de lectures. Le but étant de présenter ses dernières lectures, de donner son avis avec de jolies photos/mises en scène, ce qu’on a aimé, pas aimé, à qui on recommande, etc. Et c’est génial ! Vraiment j’adore booksta et booktok, sinon, je n’y passerai pas le plus clair de mon temps. Je découvre tellement de lectures, de thèmes et j’adore voir de mes propres yeux le soutien envers la littérature francophone. La dynamique de ces plateformes me fascine et j’en suis une fervente spectatrice, car évoluer parmi des lecteurices de tous horizons m’a vraiment enseigné différents points de vue.
MAIS, j’y trouve un défaut majeur : la chronique de surface. Je m’explique. Que ce soit sur l’un ou sur l’autre support, la chronique donnée est COURTE, à cause de la limitation de caractères dans le premier, à cause de l’inattention du public qui swipe au bout de 10 secondes dans le deuxième si tu ne lances pas un potentiel drama en mode “siouplait, m’attrapez pas par le colback, faut qu’on dise les termes”. Il faut donc que la chronique soit percutante, aille à l’essentiel. Pas le temps d’expliquer en détails, de nuancer, d’apporter un regard élaboré sur la dynamique entre l’intrigue, les personnages et l’univers. “Une pépite !” / “banger !” / “j’ai pas kiffé”, parfois sans plus d’explications. Parce que le support ne le permet pas.
Aujourd’hui, rares sont les chroniqueurs qui prennent le temps de poster des retours complets sur des sites, des blogs. A la limite, je trouve, sur les sites de lecture, type Booknode, Babelio and co. Car c’est chronophage et les formats longs n’attirent pas le public.
Cela devrait déjà mettre la puce à l’oreille concernant une généralité que tout le monde n’a pas l’air de comprendre :
Les chroniques sont faites pour les lecteurices.
Pas pour les auteurices. Ces retours sont là pour les gens que l’on espère attirer sur son compte et garder dans ses followers. Or, ce ne sont pas les auteurices qui s’abonnent à ces comptes (même si on en fait parfois parti, car nous sommes nous-mêmes lecteurices), mais des lecteurices ! C’est fait pour les aiguiller dans leurs achats, dans leur consommation de livres. Si leurs chroniqueureuses ont des goûts communs, peut-être que tel ou tel roman leur plaira ! Ou au contraire, des livres les attiraient, mais l’évocation de tel ou tel thème explicité via une chronique va limiter leur achat compulsif. Et ce n’est parfois pas un mal ! Je préfère avoir des lecteurices qui lisent mes romans en connaissance de cause, plutôt que des gens mal aiguillés qui diraient “moi j’ai pas aimé, j’ai trouvé ça trop jeunesse”.

J’ai déjà lu des retours longs et constructifs, qui m’ont bien aidée, sur mes premiers écrits. Notamment sur les Fleurs d’Opale, qui n’est pas passé par autant d’étapes éditoriales que les autres, du fait de son statut auto-édité. Oui, certes, ces retours m’ont fait comprendre certaines erreurs et parfois, j’ai regretté de ne pas les avoir eu avant de passer au stade papier. Des réflexions très intéressantes, notamment sur la portée féministe (ou pas) du premier tome. Et comme je l’expliquais plus haut, cela fait partie d’une dynamique personnelle plus globale.
Mais aujourd’hui, non pas que j’accepte de moins en moins les retours négatifs, mais ça ne me fait ni chaud ni froid, dans leur réception en tant que telle par rapport à mon roman (mais elles m’énervent énormément par rapport à d’autres points, je vais essayer d’être plus claire…). Parce que : je m’en cogne. C’est le parti que j’ai décidé de prendre. Disons qu’il m’est arrivé de tomber par hasard sur des chroniques mitigées ou négatives et de les lire. Même si je pouvais rejoindre certains points, il en restait une vérité absolue : je n’en tirerai rien de constructif.
De un : le livre est DEJA écrit, DEJA publié. On ne pourra pas le changer. On ne pourra pas retirer des milliers de livres de la vente pour réimprimer une version modifiée. Ca fait partie du jeu. Des personnes aimeront, d’autres non, c’est le but. Et il faut que les deux existent. Chroniques positives et négatives doivent cohabiter en paix pour offrir une palette complète d’avis. Et même si le changement était intéressant, il est, à ce stade, impossible. Même si ça m’est arrivé de faire remonter quelques coquilles à mon éditrice après le premier tirage pour que cela soit rectifié sur les suivants.
De un bis : parce que des fois, les avis sont… pas pertinents genre du tout ? J’ai déjà eu le cas de quelqu’un qui disait avoir DNF mon livre… à cause du problème de la P13 du deuxième tirage de Persona (sur l’entièreté du tirage, le livre comporte deux fois la P15, mais n’a pas de P13). Alors, oui, c’est relou, surtout à ce stade du roman, mais il s’agit d’une faute de l’imprimeur. Que la personne dise “moi Persona je l’ai DNF” sans explication, c’est lourd, car ça peut être mal interprété par une personne qui ne va pas demander pourquoi (et c’est quoi cette manie de crier sur les toits les livres que tu DNF, surtout sur ce genre de critère ?). D’ailleurs, sachez que vous pouvez me demander la fameuse P13 si elle vous manque, hein.
De deux : quand on m’explique que c’est pour m’améliorer sur les prochains. Parce que c’est faux. Des chroniques négatives/mitigées, j’en ai lues (généralement parce que je tombe dessus par hasard, je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même). Et comme je le disais : je n’en tire généralement rien de constructif. Parfois, on me pointe des éléments qui sont des partis pris délibérés de ma part, des choix scénaristiques ou stylistiques très clairs. Que je n’utiliserai pas dans mes prochaines oeuvres. D’ailleurs, Sacha Morage avait complètement le même avis que moi sur son thread.
Si vous avez déjà lu plusieurs de mes romans, vous savez que mon style est assez caméléon, malgré mon attrait pour les métaphores et les élans poétiques, de même que les personnages complexes. Mais mon style s’adapte énormément au contenu, de même que la narration, le rythme ou même la proportion de la romance. Quand on me dit “il n’y a pas assez de description / de romance” dans Persona, j’ai envie de les renvoyer vers les Fleurs d’Opale pour savoir si, là, il y en a assez. Non. Navrée, vos retours sur ma fantasy young adult ne va pas m’aider dans l’écriture de mon prochain contemporain merveilleux new adult. Les codes ne sont pas les mêmes, les attentes non plus. Et surtout, je n’ai pas besoin d’un.e inconnu.e pour m’améliorer. Quand vous avez mon roman entre vos mains, il est passé entre les mains d’une vingtaine de personnes, dont une majorité de professionnels. En quoi ton avis de lecteurice lambda prévaudrait, alors que ce même avis entre en contradiction avec d’autres ? Ce sont tes goûts, tes opinions. C’est OK que tu les partages avec ta commu de lecteurices, mais avec moi ? Ca ne m’intéresse pas.
(je fais une parenthèse, mais sur la question des choix scénaristiques/stylistiques, je me souviens que certaines reviews des Fleurs d’Opale pointaient l’incohérence comme quoi l’héroïne racontait des scènes où elle n’était pas présente, le récit étant à la 1ère personne. Alors, autant, je comprends la remarque, autant, je n’ai pas spécialement aimé que certaines personnes “m’infantilisent” en sous-entendant que l’incohérence est grosse comme un cachalot et que c’était un défaut majeur du récit (genre t’étais trop stupide pour la remarquer seule, ma p’tite dame). Sachant que, 1) il s’agit de chroniques racontées et mises sur papier 30 ans plus tard (la saga se finit LITTERALEMENT sur Diphtil qui referme le livre qu’elle vient d’écrire !) donc elle aurait pu l’apprendre somewhere somehow, 2) dans la partie 2 du tome 1, il est EXPLIQUE et RACONTE que la protagoniste a ACCES aux souvenirs de ses proches et qu’elle les a consultés. Elle a VU/VECU ces scènes !. Et donc, prenant en compte ces reviews pour m’améliorer (pointe de sarcasme assumée), j’ai mis, dans le tome 2.1 une mention glissée par Isophine, la fille de Diphtil qui glisse ses propres feuillets dans le livre de sa mère : “au départ, j’ai pas compris pourquoi tu parlais de moments où t’étais pas là. Je me suis abstenue de dire des conneries ; en fait il me suffisait de continuer à lire pour comprendre. Comme quoi, parfois vaut mieux fermer sa gueule.”)
Je suis sensiblement agacée qu’on me balance parfois par MP des accusations en mode “syndrome du personnage principal” alors que, excusons-moi, ça le prend mal en face quand j’ignore le retour de cette même personne vexée que son opinion ne soit pas prise en compte face aux autres centaines d’avis. Pourquoi serait-ce à moi, après 1 an d’écriture et tout autant de travail éditorial, de faire des ronds de jambes face à RookxyBook22 qui trouve que c’était pas si ouf que ça et je m’attendais à plus de romance.
J’ai 20 ans d’écriture derrière moi. Mon écriture est très loin d’être parfaite et j’ai encore énormément de choses à apprendre. Mais je ne pense pas m’égarer quand j’affirme que je sais écrire. Je connais le milieu, je maîtrise (à peu près) l’ensemble des compétences nécessaires, même si je suis une démarche de toujours faire mieux et d’apprendre de manière perpétuelle (en me tenant informée, en lisant, en écoutant des podcasts, des vidéos…). Sinon, des ME ne me démarcheraient pas, ne me signeraient pas sur un pitch d’une page. Je n’aurais pas eu autant de merveilleux avis, autant de ventes et de précommandes.
Je suis fatiguée qu’on doive à chaque fois s’enfouir sous un faux syndrome de l’imposteurice, comme si c’était vendeur de se présenter comme quelqu’un qui ne croit jamais en son travail, pour valoir le coup d’exister en tant “personnalité publique”. Je connais ma valeur en tant qu’autrice. C’est ma force. Ma force de négociation, pour avancer, pour progresser, pour apprendre aux autres. Pourquoi, pour rester humble, il faudrait s’auto-flageller, s’auto-humilier, plutôt que de célébrer nos fiertés ? Les deux ne sont pas incompatibles ! Et comme je l’ai longuement expliqué, le parcours éditorial rend humble, et pas seulement ! Les dédicaces où seuls 3 clampins se pointent le sont tout autant !

L’avant-dernier point, plus spécifique, concerne mes thématiques fortes. Je suis une autrice engagée, et, quelquefois, j’aborde des thèmes dits sensibles, ou tout bonnement politiques. Les droits des minorités, le féminisme, l’inclusion de la neurodiversité, l’avortement et la maternité, la santé mentale… Car la littérature est politique (je pense que vous l’aurez dans toutes mes lettres, cette phrase). Et parfois, des gens se permettent de déglinguer mes romans par rapport à ses prises de position. Heureusement, c’est assez rare, mais j’ai déjà eu des retours comme quoi “Persona diffuse trop de messages de propagande pour les LGBTQIA+” ou encore “les personnages sont trop différents de ce qu’on retrouve d’habitude”. Pardon ? Pour le simple fait d’avoir… un personnage principal genderfluid ? Des personnages neurodivergents, de multiples ethnicités, dans une saga qui se veut comme une ode à la différence ? A la limite, ça me plaît, d’avoir ce genre de retour négatif. Ca me prouve que ça titille et ça fait le tri dans les lecteurices si certains ne sont pas assez ouverts d’esprit pour découvrir d’autres horizons que leur petit confort cis blanc hétéro et valide. Donc : non. Je ne prendrai pas en compte ces retours pour m’améliorer (WTF ?) et proposer des livres hétéronormés qu’on a déjà par paquets de cent en mode clones de Star Wars. Oui, ça flingue ma moyenne de notes, moyenne qui est prise comme parole du Christ pour le tout-venant, mais à la limite, je m’en fiche.
Et enfin, il y a tout ce pan de reviews contradictoires, voire… intrigantes. Quand je lis “le style était trop compliqué” sur Persona, je trouve ça fascinant qu’on puisse admettre publiquement sur un post qu’on soit trop stupide pour lire un livre étudié par des classes de 5ème. Alors, à l’inverse, certain.e.s vont me dire que c’est trop simple. Super, Brigitte (mes excuses à toutes les Brigitte), je suis ravie de savoir que tu as un niveau de lecture supérieur à un élève de 5ème. Mais ça peut être sur d’autres points. Il y a trop/pas assez de romance, l’intrigue est trop simple/complexe, le roman est trop court/long, les descriptions sont trop réduites/étoffées. En prenant en compte un avis, je m’oppose directement à l’autre. Nous avons affaire ici à des histoires de goûts et ça, clairement, je ne peux pas les intégrer à mes futurs projets sans me dissocier en 100. Et aussi un problème de la part du lectorat qui n’arrive pas à se dissocier de soi-même et de se dire “peut-être que je ne suis pas le public cible de ce roman, et je devrais justement l’évaluer selon le point de vue de cette cible". Mais si cela semble être acté que les auteurices devraient pouvoir/devoir se mettre à la place de tout le monde, cela semble parfois compliqué d’oser demander l’inverse auprès de certain.e.s.
Si je veux progresser sur mes écrits, j’ai une solution : aller moi-même consulter les chroniques sur les plateformes. Là, peut-être, j’aurai des pistes d’amélioration concrètes, des retours sur des passages, sur des personnages, plus détaillés que “c’était génial ! / c’était meh”. Je l’ai déjà fait. Pour le moment, je n’y suis pas retournée depuis quelques années, car je n’en ressens pas le besoin, mais je ne me ferme pas la porte à cette éventualité.
L’autre point sur lequel je serai toujours ouverte, c’est si l’un de mes romans pose un passage estimé problématique. Si je suis une partisane du call in en première intention (c’est-à-dire en avertir par MP), je serai toujours à l’écoute si jamais on me pointe du doigt un souci qui toucherait une communauté. Je ne suis pas à l’abri d’une bourde validiste ou quoi, de ce fait, si on me fait remarquer, je prendrai forcément en compte. Ceci en dehors des personnages eux-mêmes problématiques, mais que je dénonce majoritairement au sein de ces mêmes écrits (parce que les cons sont partout, même dans la fiction !).
Bref. Ces dernières années, même si j’ai lu pas mal de retours mitigés ou négatifs (très minoritaires, heureusement, ça fait du bien au moral !), je peux affirmer que quasiment AUCUN ne m’a permis de m’améliorer, même si j’avais voulu les mettre en application. C’était vrai au tout début, 8 ans en arrière, mais depuis 4-5 ans, non. En revanche, j’ai beaucoup plus pris en compte les points positifs pour les appuyer, comme une force, dans les projets suivants et sublimer ces éléments qui ont été le moteur des premiers. Et là, ça, oui, ça m’a permis de m’améliorer. Pourquoi doit-on penser, à la française, en mode dégainage de stylo rouge, que seul le négatif permet de se surpasser ? Ne peut-on pas admettre que de se tirer vers le haut est parfois plus productif encore ?
Cela me rappellera toujours une anecdote de ma mère, qui est professeur au collège/lycée, selon les périodes, entre ses 10 métiers différents. Et c’est une prof incroyable. D’un élève qui décrochait, habitué à toujours être bien en-dessous de la moyenne. En effet, il avait de sérieuses lacunes. Alors, un jour, ma mère lui a remis sa consigne d’évaluation en lui disant “tu ne me fais que cet exercice”, sur le seul sujet qu’il maîtrisait. Il a eu 5/5 (alors qu’en temps normal, s’il avait passé l’évaluation en entier, il aurait eu 5/20). Cela l’a tellement motivé qu’il s’est investi dans le cours. A chaque évaluation, ma mère lui ajoutait un exercice. Puis un autre. Jusqu’à ce qu’il réalise la même évaluation que tout le monde. Il a passé son bac de maths avec 14/20.
Comment ? Parce qu’on a valorisé ses connaissances pour le pousser à se surpasser et prouver qu’il en était capable. Là où d’autres professeurs auraient vu les manquements, les 15 points manqués, ma mère s’est appuyé sur ce qu’il était capable de faire, sur le positif. Et ça l’a mené à la réussite, sans frustration, sans avoir l’impression d’être un boulet.
C’est pareil avec les chroniques de livres. A mon sens, les chroniques positives nous forcent à devenir meilleurs, de roman en roman, quitte à combler nos points faibles avec le temps et l’expérience, tandis que les chroniques négatives ne font, hélas, pas grand-chose d’autre que de nous pourrir le moral. Faudrait-il alors seulement poster des chroniques positives ? Non, justement, car pour les lecteurices, il est important d’avoir un panel varié. Y compris pour moi, en tant que lectrice ! Un livre qui n’a que des chroniques positives, voire dithyrambiques, va me rendre très suspicieuse. Ou cela va créer d’immenses attentes, malheureusement rarement comblées, ce qui aboutit à une déception, même si le livre est bien. Tandis que des retours plus mitigés peuvent m’intriguer, ou me prévenir de certains aspects, que je prendrai en compte pendant ma lecture (quitte des fois à ne pas être d’accord du tout avec les autres retours !). Donc, j’estime que tous les romans ont le droit à leurs retours, quels qu’ils soient.
✨ Notes et tags
Je ne reviendrai pas en détail sur le système de notation, car j’en ai déjà trèèèès longuement parlé dans ma dernière lettre par rapport à la francophonie (que vous pouvez lire ici, paragraphe Sabotage en règle). J’ai un rapport très compliqué avec les chiffres et les notes. Cela a compliqué dès la publication du premier tome des Fleurs d’Opale. Obsédée par les premiers retours, je passais mes journées sur les sites de lecture. La première semaine, le livre plafonnait à 18.6 de moyenne. Et puis, tout à coup, il y a eu le 14/20, posté en plus par une connaissance. Je l’ai vécu comme une véritable trahison. Alors qu’en soit, on dirait que c’est pas une si mauvaise note (même comme si expliqué sur ma dernière lettre, ça reste pas ouf). Ce n’était pas un 6 ou un 3, mais un 14. Bref. Ca m’a mis extrêmement en colère (oui oui, vraiment, la trahison), car je restais immergée dans mon illusion que mon premier roman était parfait et inatteignable. Ce qui était complètement faux, obviously.

J’avais besoin d’être remise à ma place. Mais, il n’empêche que, depuis, je n’ai plus jamais consulté intuitivement de sites qui affichent des notes. J’en viens à demander à des amies d’aller chercher des citations de chroniques, de créer des pages de référencements à ma place. Parfois, je tombe sur des moyennes de notes par hasard, par surprise, globalement ça me rassure (surtout concernant Persona). Mais je ne le fais plus volontairement.
Mais j’aimerais surtout qu’on aborde le sujet à l’origine de tout ce post :
Taguer les auteurices sur des chroniques négatives / mitigées. Qu’en penser ? Eh bien je vous dirais d’écouter l’avis des personnes concernées. A savoir les auteurices. Qui vous disent de ne pas le faire.
Même si j’avais déjà abordé ce sujet avec ma communauté, le feu au poudre s’est enflammé il y a deux semaines, à peu près. Un soir de semaine. Je reviens du travail. La semaine est très rude. Je travaille en hôpital gériatrique. Ce jour-là, j’avais appris le décès de deux patients et une autre venait de découvrir un diagnostic horrible (un anévrisme aortique, aka une mort cataclysmique qui peut survenir à tout moment). Je suis fatiguée, j’ai envie de rentrer chez moi, de me plonger sous un plaid (même à 30 degrés) pour geeker et oublier les horreurs de ce monde.
Et là, une notification Instagram. Je suis identifiée. Oh, bonheur ! Joie et danse dans les chaumières ! Sûrement une chronique positive, histoire de me remonter le moral ! Je l’ouvre et. Que nenni. 3 étoiles, sans plus d’explication. Pas de chronique, rien, nada. Et je fixe ces deux étoiles désespérément vides et je me demande “pourquoi ?”. Pourquoi avais-je besoin de le savoir ? Que mon roman n’a pas rempli les attentes ? Qu’il a des soucis ? Qu’est-ce que ça m’apporte ? En plus… sans rien, sans chronique, sans bonjour, sans merde. Ma colère est décuplée par ma fatigue et mon exaspération. Dans la foulée, je poste donc deux stories sur le sujet.
Globalement, ces stories ont été massivement partagées, relayées par des ami.e.s auteurices. Et puis, j’ai eu 2-3 personnes qui, au-delà de ne pas comprendre, refusent d’entendre mon avis, malgré des discussions. J’ai le droit à des arguments lu-naires. Au-delà du fait que mon ego est sûrement stratosphérique (dommage, je n’ai pas été recrutée pour Mars), le fait que je sois une personnalité publique (perdona ? Je suis juste une meuf qui écrivote et qui se promène à droite à gauche pour gribouiller ses propres romans, je suis loin d’être une reusta) autorise le fait qu’on m’utilise comme un paillasson. Je devrais assumer mon image et cesser d’être une vitrine hypocrite en ne partageant que des avis positifs.
Ca a été extrêmement violent et je n’ai pas du tout répondu avec diplomatie. Et, fait rare, je ne pense même pas vouloir m’excuser auprès de la personne concernée qui méritait totalement les tartines que je lui ai mis. On reste dans une dynamique du non-respect du consentement digne d’une magnifique société baignant dans la culture du viol habituée à blâmer le mauvais coupable. La faute à la victime. “Si tu ne voulais pas de critique négative, il ne fallait pas publier de livre”. Selon cette personne, je devais tout accepter, même le pire, même les retours les plus acerbes. Pour une question d’hypocrisie, d’ego mal placé et d’humilité.

J’avais beau lui expliquer qu’il fallait respecter l’avis des auteurices qui demandent à ne pas être tagué.e.s, elle ne comprenait rien à rien. “Ah donc il faudrait que j’aille demander individuellement à chaque auteurice s’iel veut être tagué.e pour ne pas froisser des ego ?”. Waaaah, la révolution du consentement, quand même… Comme on devrait demander à chaque personne ses pronoms ou quoi. Merde, le respect élémentaire de l’autre, en fait ? Après, certaines personnes s’étonnent d’être bloqué.e.s ou de recevoir des réponses acerbes, DONC, nous devrions nous remettre en question, sans jamais que la personne en face admettre qu’elle est juste trop con pour comprendre qu’elle a merdé ? (veuillez excuser ma grossière vulgarité) Ce n’est pas une histoire d’opinion, c’est un fait. Ce n’est pas être d’accord/pas d’accord ; les auteurices ne veulent pas être tagués sur les chroniques négatives, ARRÊTEZ de le faire ! (et ne répondez pas “ah mais je ne suis pas d’accord avec toi, je continuerai donc de le faire parce que je pense que…” GNNNNNN-.) On est sur un niveau de gaslighting, en nous expliquant ce que nous devrions ressentir et comment nous devrions réagir face à des chroniques négatives secouées sous notre nez, alors que nous n’avions sollicité personne… D’ailleurs, on est sur le même type de débat concernant les TW. Laissez les personnes pour lesquelles c’est utile en bénéficier ! (on pourra y consacrer une lettre, aux TW).
Et souvent, cela amène à des incompréhensions, du type “vous n’acceptez aucun retour négatif !”. Ce qui est : ✨ totalement faux ✨. (j’aimerais les voir avec les 1500 annotations, juste pour le rire). Parfois, il y a même une bonne manière d’amener un retour négatif. Par exemple, un message privé à l’intention de l’auteurice :
“Bonjour ! Je voulais te prévenir que j’allais poster une chronique concernant ton roman. Malheureusement, le retour n’est pas entièrement positif, et j’en suis la première navrée. Souhaites-tu en prendre connaissance ? Par principe, je tague les auteurices, mais je comprendrai que tu ne veuilles pas, ou même que tu ne veuilles pas en prendre connaissance. Dans tous les cas, je reconnais le travail fourni et espère que tes futurs projets te porteront loin ! Je reste à ta disposition si tu lis mon retour et si tu as besoin d’explications sur certains points, je serai heureux.se de t’expliquer plus en détail. Passe une belle journée !”
Vous avez consacré des heures à lire un livre, du temps à élaborer votre retour, écrire votre chronique, mettre en scène votre livre pour la fameuse photo, qu’est-ce que ça vous coûte d’envoyer ce message élémentaire et simple comme bonjour à l’auteurice dont vous vous apprêtez peut-être à détruire le moral sans le savoir ? A la limite, c’est ça qui me paraît presque plus hypocrite que certaines réactions d’auteurices.
Le respect va dans les deux sens.
Si je cherche à ce point des chroniques négatives pour m’améliorer (à ce stade, je pense que le sarcasme a une odeur. Et croyez-moi, ça sent pas la rose), je saurai exactement où les trouver. D’où le fait de partir de principe que tou.te.s les auteurices sont contre le tag, et si vraiment ça ne les dérange pas, plutôt que de considérer cette minorité comme une majorité, on comprendra qu’iels sont assez grand.e.s pour les trouver seul.e.s ! C’est vraiment le fait de recevoir une notification, le fait d’être “appelé.e/invoqué.e”, en mode REGARDE !, qui est extrêmement dérangeant. Si je devais faire une autre comparaison, c’est comme si mon mari (pardon chéri) me disait “ce soir, on regarde un film !”. Chic ! Avec plaisir ! Et là, sans prévenir, c’est film d’horreur au programme (il sait à quel point je suis une chochotte… et soyons honnête, certaines chroniques sont des films d’horreur à elles toutes seules !). Je suis furieuse. Il ne comprend pas : “d’habitude, tu aimes ça, non ? Et puis c’est pour combattre tes peurs !”. Justement non : je n’aime pas ça + je me sens trahie + je n’ai pas moins peur pour autant. Je suis juste en colère qu’on me l’ait imposé sans prendre en compte mon avis… Et si mon mari voulait absolument regarder ce film d’horreur, qu’il m’en avait prévenue, je lui aurais sûrement “écoute, vis ta vie, mon amour, je vais faire autre chose pendant ce temps !” et tout le monde sera content. On n’a pas besoin de tout vivre de manière partagée !
✨ Réagir, la fausse bonne idée
Et puis, il y a la manière avec laquelle on réagit. Quand je tombe, par hasard, sur une chronique mitigée ou négative (car je ne vais jamais les chercher ; à titre personnel, j’ai expliqué que cela ne m’intéressait pas), on a parfois très fortement envie de commenter. J’ai déjà vu des personnes répondre à chaud : ça a dégénéré en pugilat. Pire, parfois en une certaine forme de harcèlement quand l’auteurice demande à ses ami.e.s de lae défendre en commentaire ou d’y aller de leur grain de sel, en expliquant que ce.tte lecteurice n’a rien compris.
Alors, déjà, dans un premier temps, j’aimerais qu’on discute de cette notion de “compréhension”. C’est comme le vin. Je vois vos mirettes s’ouvrir et je vois vos interrogations pointer, à commencer par : “Ielenna doit-elle du pastis sans eau dès 10h du matin comme Johnny Hallyday pour nous sortir ça ?”. J’ai eu le plaisir de suivre quelques cours d’oenologie avec une amie. Et l’oenologue nous expliquait qu’un nez est un consensus. Autour d’une table de 4, si tu dis par exemple que tu sens une note de cassis, si tout le monde approuve, alors on dira du vin qu’il a des notes de cassis. Si personne n’approuve, en revanche, ça signifie que ce n’est pas le cas et que c’est une impression personnelle. Un nez et des notes se définissent par le nombre de personnes qui approuvent cette sensation et identifient les mêmes.
Dans un livre, c’est parfois pareil. Si quelqu’un me fait une remarque négative sur un point en particulier, j’ai appris à ne pas réagir en disant “t’as rien compris !” (même si je l’ai déjà fait, back in the time.) Car parfois, la même remarque vient de deux personnes, puis trois, puis quatre. Et j’ai un principe : si plusieurs lecteurices n’ont pas compris le message, c’est pas que les lecteurices sont trop cons pour comprendre ; c’est que ton message n’est pas correctement écrit et transmis pour être interprété d’une manière consensuelle. Le livre fait partie du processus de communication. Ici, par un canal écrit. Entre l’émetteur, le message, le canal et enfin le receveur, il y a énormément de choses qui font qu’au final, le message n’est pas passé comme il faut. Et parfois, oui, c’est à nous, auteurices, de le rectifier à la base. Mais ça ne sert à rien d’accuser le receveur quand y a eu un schmol dans la manière de transmettre le message.
Et, en considérant que les chroniques sont là pour les lecteurices, je n’ai pas à m’immiscer dans les liens entre chroniqueureuse et lectorat en y allant de mon commentaire. Voici donc comment j’ai décidé de procéder :
Si je suis taguée sur une chronique positive : je réponds en remerciant et en réagissant à certains points. Je partage volontiers, car en m’identifiant, je suppose qu’il est dans l’intérêt de la chroniqueureuse d’avoir un peu de visibilité en “récompense” (même si j’estime que les lecteurices ne me doivent rien et inversement).
Si je tombe par hasard sur une chronique positive : je commente, souvent de manière plus succincte. Parfois, je partage, parfois non. Ca dépend du moment, du mood, des astres et de la météo. Et du flow.
Si je suis taguée sur une chronique négative/mitigée : j’ignore et je m’énerve seule dans mon coin (ou je râle par MP auprès des autres auteurices pour qu’on continue de maudire ces gens autour de nos autels dédiés à la Déesse de l’Ecriture).
Si je tombe par hasard sur une chronique négative/mitigée, de quelqu’un que je ne connais pas : j’ignore (même si je peux lire à l’occasion, histoire de prendre la température). Je ne râle même pas.
Si je tombe sur une chronique négative/mitigée d’une personne que je connais, mais qui ne m’a pas taguée : je peux commenter quelque chose du genre “oh, tu m’en vois désolée… 😔 Merci pour ton retour, en tout cas ! 🥰”. Et c’est tout. Je ne partage pas. Non pas parce que j’ai un égo martien et que je veux faire vitrine parfaite. Parce que je ne sais pas toujours qui va voir ces stories (sachant que j’ai en moyenne un bon millier de personnes sur mes stories) et que je me dis que certain.e.s lecteurices pourraient être tenté.e.s de réagir en commentaire sous la dite-chronique en cas de désaccord. Et je n’ai pas envie d’être accusée de vouloir harceler une chroniqueureuse en diffusant son retour. Donc à défaut, je ne fais rien. Et tant pis. Je préfère qu’on me traite d’hypocrite plutôt qu’une lecteurice se prenne des revers de la part d’autres lecteurices de ma communauté. Et c’est toujours touchy. De notre côté, on s’attaque à notre roman, notre “bébé”, et on se doit de réagir de manière très mesurée, là où certain.e.s lecteurices n’ont aucun filtre et réagissent comme si on avait insulté leur grand-mère (mais des fois, on trouve quand même moyen d’accuser l’auteurice pour ses lecteurices, gné).
Faut-il d’ailleurs que nos lecteurices réagissent ? Personnellement, je ne peux rien dire, car je considère que je n’ai pas à donner de directive. Les gens font ce qu’iel veut. Parfois, voir des gens défendre mes livres, tant que c’est fait avec respect, ça me réconforte beaucoup. De manière générale, je suis “pour” le "désaccord”, car ça montre que nous avons tou.te.s des personnalités différentes, des points de vue qui se valent, et je suis pour la multiplicité plutôt que pour l’uniformité des pensées, car cela nous oblige à sortir des cases, à nous ouvrir et à devenir de meilleures versions de nous-mêmes. Et donc que nous devrions être ouverts au débat, hélas, tout le monde n’y est pas sensibilisé ou ne sait pas débattre dans le respect. Mais quand les lecteurices me défendent, mes œuvres et moi, de manière trop virulente, ça me met très très mal à l’aise. Mes livres transmettent des messages d’espoir, sur l’importance de la médiation, de l’empathie, de l’écoute de l’autre ; voir quelqu’un défendre mon œuvre avec violence me laisse entendre que le roman n’a pas été compris…
Mais de manière générale, je considère que ce n’est pas à nous de réagir. Même si je me revendique très proche de ma communauté et très disponible, je me dois également de garder un minimum d’étiquette professionnelle. Et jouer les poissonnière dans la section commentaire d’une chronique desservirait cette image. Des fois, je trouve que nous, auteurices franco, passons vraiment pour des ploucs. Déjà parce qu’on n’a pas le même attrait pour la com’ que les anglo-saxons (certain.e.s auteurices pro étant même coachés pour gérer leurs réseaux), mais aussi parce que nous sommes dans cette culture du perpétuel râlage, du drama, de la révolution. J’ai parfois l’impression que nous nous complaisons dans ce cynisme conflictuel, dans ce ouin-ouin perpétuel, et que ça renvoie une image pas toujours très sexy de nos travaux et de notre professionnalisme. On doit apprendre, parfois, à prendre du recul. Cela implique parfois de complètement se détacher des chroniques, quitte à les ignorer et de se faire taxer de melon. C’est compliqué, parfois, de trouver l’équilibre entre “rester soi-même”, rester une personnalité que les gens suivent car ils apprécient cette forme d’authenticité et de spontanéité, et garder une étiquette professionnelle pour asseoir une certaine forme de crédibilité. Et de mon côté, par exemple, je suis proche de ma commu, parce que j’aime ça, pas parce que je leur dois quelque chose.
Et cela est réciproque. Mes lecteurices ne me doivent rien. Iels n’ont pas l’obligation d’acheter mes romans, de les lire aussi vite que possible, de les chroniquer, de venir me voir en dédicace. Et inversement, je ne dois rien à mes lecteurices, dans le sens je n’ai pas obligation à leur répondre en MP en moins de 24h, à répondre à toutes leurs demandes quand iels veulent tous les goodies dans leur pack, à commenter leurs chroniques, à traverser la France sur un WE de février juste pour leurs beaux yeux. Notre relation est belle parce qu’elle est respectueuse et empathique. Vous connaissez mes limites, je connais les vôtres. Et parce que vous êtes incroyables, j’ai envie de fournir le meilleur pour vous. Et tout le monde est gagnant dans cette relation de ✨ chatoyance ! ✨
✨ Programme fin 2025
J’en profite pour vous révéler en avant-première les dates de ma grande tournée d’octobre-novembre (et décembre) pour la sortie de Rosaces & Dragons, mon prochain titre à paraître le 9 octobre 2025, chez Slalom (déjà précommandable) !
Samedi 4 octobre : Les Hallienales (près de Lille), pour une avant-première [rencontre petit-déjeuner prévu, infos à venir sur mon Instagram !],
Vendredi 10 octobre : Fnac Montpellier,
Samedi 11 octobre : Comptoir du Rêve de Toulouse,
Vendredi 17 octobre : Librairie Guerlin de Reims,
Week-end du 18-19 octobre : Salon du Livre de Wallonie, à Mons (Belgique), [rencontre petit-déjeuner prévu, infos à venir sur mon Instagram !],
Vendredi 7 novembre : Cultura de Mondeville (Caen), [rencontre apéro prévue, infos à venir sur mon Instagram !],
Samedi 8 novembre : L’Encre du Coeur de Rouen,
Vendredi 14 novembre : 9e quai Romance d’Annecy,
Samedi 15 novembre : Momie Lyon [rencontre cosy tea prévue, infos à venir sur mon Instagram !],
Vendredi 21 novembre : Escapade de Strasbourg,
Week-end du 22-23 novembre : Salon du Livre de Colmar,
Du 29 au 1er décembre : Salon du Livre Jeunesse de Montreuil (créneau à déterminer)
Peut-être une date supplémentaire sur Paris, pour rajouter des occasions,
Samedi 6 décembre : Librairie Liber et Vous de Bourgeuil (Loire, proche Tours)
Et ensuite, coma de Noël ! J’ai déjà des dates prévues pour janvier. Je sais que beaucoup de librairies intéressées n’ont pas encore eu de réponse, mais nous ferons au mieux pour vous prévoir pour mars-avril 2026. 🤗
Belle journée à tou.te.s, et profitez bien de l’été si vous avez l’occasion de prendre un peu de vacances !