Nous sommes le 28 juin 2024. Aujourd’hui, je ferme définitivement mon cabinet d’ergothérapie que j’ai ouvert il y a dix ans, à la sortie du diplôme. Une porte qui se ferme, pour de nouvelles aventures, toujours dans le domaine du soin. Un chapitre qui se clôt pour en ouvrir un prochain, que j’espère plus trépidant encore. C’est le flou artistique, en ce moment. On se laisse guider par le courant. L’écriture me permet de garder la tête hors de l’eau, mais la réalité finira par me rappeler à elle.
Les légendes aiment narrer les péripéties des auteurices qui vivent d’amour et d’eau fraîches. Bohèmes à la Baudelaire, ne se laissant inspirer que par les muses enivrées d’une vie en marge de la société. Les mythes négligent un détail somme toute d’importance : les auteurices vivent dans une société capitaliste de merde. L’amour, l’eau fraîche, c’est cool ; la moula, c’est mieux.
Avant d’aborder le sujet du travail concilié à la vie d’auteurice, laissez-moi vous remercier d’être 230 à suivre cette newsletter à ce jour. J’ignore si les 230 sont là pour le plaisir ou par contrainte, mais j’ose espérer que vous allez bien et que vous n’avez pas fondu comme moi, alors que le thermomètre vient de passer les 25°c (dans une autre vie, j’étais une glace à l’italienne). Je suis ravie de vous voir chaque fois de plus en plus nombreux à suivre mes pérégrinations et à recevoir vos MP à base de “OMG SO TRUE”.
Toutes les deux-trois semaines environ, j’aborde dans des lettres complètement décousues et symptomatiques du chaos qui règne dans ma tête à propos de l’écriture et de la vie d’auteurice. Pour ne rien manquer, n’oubliez pas de vous abonner. C’est gratuit et ça met du smile dans vos vies !
✨ Des ambitions atypiques
D’aussi loin que je m’en souvienne, je n’ai jamais désiré travailler dans le soin. Ce n’était pas un domaine qui m’attirait. Pourtant, beaucoup d’éléments pouvaient me prédisposer à ce champ ; soeur aînée d’une famille nombreuse, bénévole en groupe de solidarité (j’allais chanter dans les EHPAD certains mercredis après-midi quand j’étais en primaire), scoutisme… bref, le côté “être toujours tournée vers les autres” (pourquoi ?).
Mes rêves d’avenir ont été variés quand survenait l’invariable question “Et toi ? Tu veux faire quoi quand tu seras plus grande ?”. Voici, de mémoire, mon cheminement :
Fermière,
Parce que les animaux, c’est cool. Et avoir ses propres oeufs, quel bonheur.
Vendeuse de poissons d’aquarium en animalerie,
Because l’aquariophilie, TMTC. Guppies powaa.
Restauratrice,
Je voulais ouvrir mon propre resto avec mes deux amoureux de CM1. Parce que oui, j’en avais deux. Et évidemment, c’était moi la patronne.
Présidente de la république,
Celui-là, ça m’a duré longtemps, mine de rien !
Journaliste,
L’orientation rêvée quand j’étais au collège. Jusqu’à ce que mon grand-père me hurle dessus que les journalistes étaient tous des “vendus mythomanes”.
Puis est arrivé le lycée et son lot de questionnement. La date fatidique qui approche. Le crash-test d’APB (Admission Post-Bac, l’ancêtre de Parcours Sup) qui pointait le bout de son nez. Et là, il a fallu faire un choix. Dilemme pour moi : je commençais à écrire depuis la seconde et ma passion me dévorait déjà de l’intérieur. Malgré cela, je gardais les pieds sur terre. A l’époque, aucune formation d’écriture n’existait. Les métiers du livre et de l’édition ne m’intéressaient pas. Ce que je voulais, c’était CREER. Faire vivre MES personnages, pas ceux des autres, aussi égoïste cela soit-il.
Pendant deux ans, ma voie de prédilection, c’était de partir vers les arts et le dessin. J’avais quelques prédispositions dans le domaine, et je persiste à croire que, si j’avais poursuivi cette passion au lieu de l’écriture, j’aurai pu devenir illustratrice. Aujourd’hui, je ne me débrouille pas trop mal, mais je ne suis clairement pas assez assidue pour me proclamer dessinatrice de quelle sorte que ce soit. Mais cette voie m’attirait. Elle m’aurait permis de lier mes deux passions. Et qui sait, peut-être, à terme, illustrer mes propres personnages pour leur donner vie dans une dimension supplémentaire.
J’avais donc commencé à me renseigner sur les écoles, en ai visité plusieurs. Mes parents m’auraient soutenue, même si je sentais poindre quelques réserves, au sein d’une famille où depuis trois générations, on prêchait le “tu seras ingénieur.e, mon enfant”. Illustratrice, ça paie pas. Ca n’assure pas de sécurité financière ou sociale. C’est juste “dessiner des petits bonshommes”, et puis “on peut s’en lasser”. Je ne renonçai pas pour autant.
Un événement dramatique a fini par me faire changer d’avis, un peu au dernier moment. Un décès brutal dans mon entourage proche. Des questionnements existentiels ont surgi. “Et s’il y avait eu un médecin à ce moment-là ?”. Et là, tout s’est mélangé dans ma tête. J’avais des facilités scolaires, un intérêt certain pour la biologie. Très bien, dans ce cas. Je mettrai mes facultés au service des autres. J’allais arrêter de “gâcher” mon potentiel en rêvant de dessin. A partir de ce moment-là, j’étais prête à sacrifier mes rêves de petits gribouillis colorés pour mettre mes compétences au service de la vie des autres. Là où mon entourage a peut-être considéré ma décision soudaine comme une prise de conscience assagie, j’y voyais là un ultime sacrifice. Celui de mes rêves créatifs sur l’autel de la société qui ne rendrait peut-être jamais ces honneurs. Convaincue que par cette décision, je cesserai d’être égoïste. Finis les petits personnages, j’allais consacrer mes prochaines années à apprendre, sans relâche, pour espérer, peut-être, un jour, sauver rien qu’une vie.
Un putain de syndrome de l’ange gardien, du sauveur de mes deux, qui a tissé les voiles que mes désillusions successives ont levés.
Est-ce que je regrette d’avoir fait ce choix ? Dans l’absolu, non. Dans cette société française avec un gouvernement qui défonce le système de soin à la dynamite, claro que si.
Anyway.
Après une année de P1 loupée, je me suis mangée la réforme de la PACES, ce qui fait que j’ai redoublé avec un programme complètement changé (c’est cool de redoubler avec un changement de programme… quelle utilité. Les bizuths nous ont démontés cette année-là), j’ai atterri en ergo. Sur un complet hasard.
Pour la petite histoire, mon classement de médecine n’était pas dégueu. Mais pas suffisant, malgré ma moyenne à 12.5. Je n’avais : rien. Grosse déprime pendant trois semaines. Commencer à faire des recherches de réorientation. J’ai postulé à un parcours Métiers du Livres et Communication (j’ai même été prise). Et j’ai reçu un coup de téléphone, alors que j’étais au cinéma pour visionner le dernier Harry Potter. “Oui, bonjour, c’est la fac de Lyon, vous êtes prise en ergothérapie. Vous avez 12h pour nous donner votre réponse définitive.” Panique. J’appelle ma mère qui me dit “PRENDS PRENDS !”. Je rappelle la fac fissa, je confirme. Je re-rappelle ma mère dans la foulée :
“Au fait, c’est quoi ergo ?”
✨ Ergothéra-quoi ?
Expliquer mon métier, l’histoire de ma vie.
Je vous raconte pas l’ambiance, dans les soirées, avec mon homme, quand on nous demande “ce qu’on fait dans la vie”.
Oh, moi, je suis ergothérapeute. Lui, il est paléontologie. Et on est tous les deux auteurices.
De ce fait, je suis habituée à répéter le même discours dans quelle que situation que ce soit. A commencer avec mes patients, qui viennent me voir généralement sans savoir ce que je fais, parce que “la maîtresse leur a dit de venir me voir”.
Pour expliquer extrêmement sommairement :
L’ergothérapie considère la personne dans sa globalité afin de l’accompagner dans l’apprentissage ou la récupération de son autonomie et de son indépendance (oui, ce sont deux choses différentes) dans la vie quotidienne au travers de ses activités significatives (rôles au sein de la société, ex : profession, être père, être votant.e…) et signifiantes (activités importantes pour l’identité de la personne, ex : être maître d’un chien, faire du tricot…).
L’ergothérapie évalue et analyse les trois sphères de : la personne (sa pathologie et son évolution potentielle, ses compétences, ses limitations, ses ambitions, sa volition, ses rôles…), ses activités (analyse de tâche, identifier qui lui seront problématiques) et son environnement (matériel, architectural, humain…) afin d’agir en conséquence en proposant de la rééducation, de la réadaptation et/ou des réaménagements.
De ce fait, nous sommes amenés à travailler avec des personnes concernés par le handicap. Accident, pathologies, troubles des apprentissages, troubles mentaux, vieillissement… A partir du moment où une personne perd son autonomie et son indépendance dans une activité qui lui est essentielle, ou destinée à lui devenir essentielle (comme l’accès à la scolarité pour les enfants), alors l’ergo intervient. C’est aussi simple que ça.
De ce fait, je vous laisse imaginer le champ des possibles. C’est gigantesque. Même si nous ne sommes pas médecins, selon nos spécialités, nos champs d’expertises, nous devons parfois être à l’aise avec des connaissances sur l’autisme, la sclérose en plaques, la myopathie, le plexus brachial, la bipolarité, le syndrome du X fragile, le détachement de plaque palmaire, les épicondylites, la trisomie 21, la dyslexie ou encore d’autres pathologies rares comme certaines formes d’ataxies.
La profession, bien qu’elle existe depuis la fin de la première guerre mondiale et qu’elle fasse l’objet de doctorats au Canada (sainte patrie des ergos), souffre d’un terrible manque de reconnaissance. Pas de remboursement sécu en libéral, médecins qui ignorent notre existence, autres professions (voire charlatans) qui tentent de s’approprier nos compétences, bref… la pratique n’est pas toujours facilitée. Mais là n’est pas le sujet du jour.
VOILA. J’ai planté le décor, vous avez une vision grossière de ce que je fais dans la vie.
✨ L’influence d’un travail dans l’écriture
Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres.
Disait un grand philosophe scribe.
A mon grand dam, ma vie se résume aussi à ça. Un comble pour moi. J’aime pas les gens. Et pourtant, je travaille pour eux. Pour les rendre heureux. (frisson)
Je n’ai jamais été très sociable. Mon métier m’a appris à l’être. A me créer cet autre masque de Persona. Sourire, passer pour l’extravertie, motiver mes patients, voir toujours le positif, pratiquer l’écoute active, toujours faire passer les autres avant moi. Ce n’était pas non plus un mal. Je me connais. M’expédier dans un métier solo m’aurait plu, mais je me serai isolée dans cette solitude dans laquelle je me complais. Il y a des rencontres qui m’ont bouleversée, dans la manière de voir mon métier, ma vie, mon écriture.
Voici un petit florilège éparse :
L., 2 ans, que j’ai rencontré le 2ème jour de mon premier stage. Myopathie grave, 6 mois d’espérance de vie. Le seul geste que le petit savait faire, c’était de désigner sa trachéo pour montrer qu’il avait mal. On lui demandait d’arrêter de pleurer pour éviter qu’il se noie dans ses larmes.
G., 10 ans, aussi myopathe. Son fauteuil roulant électrique avait été défoncé dans l’avion car les mecs de l’aéroport l’avait balancé comme un ballot de foin.
M. P, une petite cinquantaine, atteint de sclérose latérale amyotrophique, avec une espérance de vie limitée, qui voulait retourner sur les pistes, lui qui avait perdu son frère dans un accident de ski, pour continuer de vivre la passion de son frère,
M. S., un vieux monsieur hongrois, qui avait tenté de se tuer, lui et toute sa famille, en balançant sa voiture dans un fossé.
Je vous avais déjà parlé de Lily sur un post Instagram,
F., 8 ans, qui avait une maladie orpheline qui dégradait son système nerveux central, lui faisant perdre le contrôle de son corps. Elle était passionnée de danse classique. Elle a perdu la marche en moins d’un an.
M. F, un monsieur brillant, extrêmement cultivé, qui m’a inspiré le personnage de Bartholomée dans Persona,
Et tant d’autres…
Je ne vais pas tomber dans le “cEs PauVreS âMEs qUi n’ONt rIEn alOrS qu’On a ToUt eT qUi NouS AppRENnEnt l’ImpORtanCe de La VIe, c’ESt si Bô !!”. C’est ridicule et horriblement validiste.
Oui. Ces situations font relativiser, certes. Mais je n’ai jamais considéré mes patients dans une relation verticale, de “décideur” à “exécutant”. Je ne me suis jamais sentie “au-dessus” d’eux, braves âmes charitables, chevalière en blouse blanche. Nous avons évolué ensemble. Nous sommes rentrés en phase, parce que mon métier consiste en l’effort d’empathie. J’ai appris à mieux les connaître pour mieux les aider, et ils me l’ont rendu à leur façon. Je n’ai jamais été là pour les sauver, mais pour les comprendre. Je ne leur ai pas apporté quelque chose ; ce sont eux qui m’ont expliqué ce que je pouvais faire pour eux. C’est là toute la différence.
Mon métier m’a amenée à fréquenter des populations marginalisées dans leur essence même, dans le champ du handicap. A me confronter aux injustices qui leur sont quotidiennes, alors qu’elles me sont insupportables rien que dans leur aperçu. Plus que prendre conscience de ma chance, qui devrait être la préoccupation de tou.te.s, A LA BASE, j’ai pris mon micro. Enfin, la plume. Pour leur donner la parole.
Persona est né de cette envie. On m’a parfois fait remarquer “oui, mais Persona, c’est une œuvre qui ne fait que présenter des personnages atypiques, ça devient presque too much”. Euh. Oui ? C’est mon quotidien ? TOUS mes patients sont ATYPIQUES. Parce qu’ils sont dys. Parce qu’ils sont malades. Parce qu’ils sont accidentés. Parce qu’ils ont des parcours de vie différents. Persona n’est que le reflet, le hublot, de ce que peut être mon quotidien. Je ne connais pas les personnes “normales”. Elles n’ont pas besoin de moi. La société est déjà conçue pour elles. Pas pour tous les autres.
Pourtant, à part Bartholomée, aucun personnage de la saga n’est clairement inspiré d’une personne en particulier. Quoique. Isidore est un mix de quelques jeunes hommes TSA que j’ai accompagnés. Mais j’ai instillé en chacun d’entre eux un peu de mon quotidien professionnel. Les questionnements et les doutes des jeunes que je suis. Et ainsi garder une trace écrite de mes réponses, pour les rassurer, pour leur donner un brin de Lumière dans ce monde à l’avenir si sombre.
Je suis tombée, il y a quelques semaines, sur un TikTok review très intéressante de Persona, qui faisait l’analogie entre la société du monde de Lux et la manière dont on traitait les personnes handicapées dans notre réalité. Je ne peux nier cela. Et c’est “rigolo” (quel contexte foireux pour placer ce mot) de constater que cela n’a pas échappé à certains esprits vigilants. Oui, il y a clairement une critique à l’égard de cette société qui exclut tout ce qui est différent. Qui enferme, qui marginalise, qui pointe du doigt. Car je suis tellement scandalisée du traitement que beaucoup subissent, il m’était impossible de rester silencieuse. Ce n’est pas parce qu’on écrit de l’imaginaire qu’on peut se priver de comparatifs. Au contraire. L’écriture, c’est politique. La fantasy, aussi, plus encore quand elle use de traits dystopiques. Persona offre des pistes de réflexion et, je l’espère, de prises de consciences. C’est une dénonciation. C’est un message d’espoir, dans le vivre-ensemble.
Cela n’a pas empêché certaines personnes de reviewer Persona comme étant une oeuvre “originale… mais trop originale, pour le coup”. Un comble, pour un livre dont la morale est d’apprendre à accepter ce qui est différent. Il faudrait être différent… mais pas trop quand même.
L’une de mes œuvres futures exploitera plus encore certains aspects pratiques de mon métiers (les fameux Petits Architectes), mais le projet n’est pas encore suffisamment abouti pour que je puisse en parler davantage aujourd’hui. Peut-être, un jour, une lettre rétrospective, qui sait !
✨ Tu écris à temps plein ?
Voici une question que je reçois assez souvent quand il s’agit de répondre à des interviews. Beaucoup de jeunes adeptes à l’écriture ou d’ignorants à ce milieu se figurent un quotidien idéalisé, de l’auteurice qui a sa pièce dédiée à l’écriture. Avec un grand bureau au milieu de cette salle ensoleillée, bardée de bibliothèques pleine à craquer, les prix littéraires et les fanarts par dizaines placardés sur les derniers pans de murs, antre sacrée destinée à recevoir les élans d’inspiration divine sur un clavier immaculé dont le clapotis ne cesse qu’à l’arrivée de la nuit, que dis-je, jusqu’à l’aube, car les auteurices sont des créatures nocturnes, bien évidemment.
Je rêve de cette configuration, on ne va pas se mentir (sauf pour l’histoire de la nuit, je suis un oiseau du matin). Mais je brise l’image d’Epinal en racontant mon quotidien.
🤔 Tu écris quand ?
N’étant pas chez moi entre 7h30 et 19h30, car travaillant au cabinet, après m’être assurée de mes autres tâches de survie, à savoir manger/douche (ménage accessoire selon la fatigue, oupsie), m’occuper et profiter de mon chien (qui m’accompagne la journée au boulot, donc n’est jamais seul malgré tout), en consacrer aussi à mon monsieur pour du quality time, mon créneau d’écriture se situe généralement dans la fenêtre très réduite de 22h-23h, jusqu’à ce que mon corps en loque, déjà écrasé dans le canapé où j’écris dans la position sophistiquée de “la baleine échouée”, décide d’aller se traîner jusqu’au lit.
L’écriture est à un-côté, que je me peux me permettre. Je n’ai à ce jour pas d’enfant (mais un chien, le plus fluffy et le plus mignon du monde, voilà c’est dit), et pas de vie sociale (pas que j’ai dû faire une croix dessus, juste que je n’en ai pas, de base, et ça me convient ; généralement, ma vie sociale, c’est le week-end, en salon, en dédicace, et je reçois alors ma “dose”, mon “shot” de sociabilité qui me fera tenir pour le mois à venir. Un peu hard le “shot”, mais en vrai, ça arrive de faire des overdoses de socialisation aussi…)
Bref. L’écriture est clairement un “truc à part”. A la fois du travail, mais pas du travail, car pas ressenti comme tel. Parce que ce n’est pas pénible. Malgré ce temps très réduit, je me montre très productive. Ce qui me fait transiter vers une autre question que l’on me pose très souvent :
🤔 Il faut écrire tous les jours ?
Je n’écris pas moi-même tous les jours. Néanmoins, c’est une discipline à apprendre. Quand je me mets devant mon ordinateur pour écrire, ce n’est pas pour niaiser. Je n’ai jamais ressenti le syndrome de la page blanche, ma grande bénédiction. Cela nécessite de se faire des coups de pieds dans le postérieur pour avancer, arrêter de se mettre des satanées barrières au nom de la sacro-sainte perfection, et ECRIRE. On avance, on ne revient jamais en arrière, on se CHALLENGE. On s’en fiche que ça soit “nul”, on sera toujours notre pire juge, alors on se bouge et on BELIEVE LE PROCESS, DAMMIT.
Ce qui me permet d’être très productive, en dépit de mon temps d’écriture très limité. Mais non, je serai néanmoins très hypocrite de vous déclarer qu’il faille ABSOLUMENT écrire tous les jours pour être considéré comme un.e véritable auteurice. Je n’ai moi-même quasiment pas écrit entre septembre et décembre dernier tellement j’ai passé une période pourrie. Mais je n’ai rien perdu en termes de compétences en me remettant sur mon Word. L’écriture, c’est comme le vélo, ça s’apprend, ce sont des automatismes qui se mettent en place, c’est la bibliothèque de vocabulaire qui n’a pas pris une ride, juste un peu de poussière, des connaissances stylistiques et scénaristiques. Tout ça, on pourra en discuter dans une lettre future, à propos des sources de progression dans l’écriture.
🤔 Tu aimerais vivre de ton écriture ?
Bien sûr ! C’est mon rêve. Cette année d’ailleurs, je vais presque atteindre un nombre à 5 chiffres sur ce que mon écriture me fait gagner à l’année (à savoir que je ne gagne rien sur les Fleurs d’Opale, car elles sont éditées sous format associatif ; et les revenus sont très très fluctuants d’une année à l’autre), donc ce n’est pas rien ! Certes, ce n’est pas un gain qui permet de vivre à l’année au-dessus du seuil de pauvreté. Mais en parallèle d’une autre activité professionnelle, c’est un très chouette complément ! Un peu de beurre dans les épinards (j’aime les épinards).
Evidemment, je rêve de passer mes journées à écrire, si je le pouvais. Je suis parfois extrêmement jalouse de certaines personnes qui décident de profiter d’une période de chômage pour se lancer dans l’écriture à temps plein. Je les comprends, tout le monde ferait pareil. Perso, je n’ai pas le droit au chômage (eh oui, je suis indépendante, je peux aller me faire voir cordialement, ahaha). Ou aussi de ces personnes qui peuvent se le permettre car leur conjoint.e engrange assez de revenus pour la famille afin de leur offrir du temps “libre” (qui reste du travail). Et pareil, de ce côté-là, chez mon monsieur… soyons clair, la recherche dans les dinos, ça rapporte rien, oupsie. J’épouse pas mon homme pour le flouz, des fois que la question se pose ahaha. Mais parce qu’il est parfait <3 (ou presque, mais chut, faut pas lui dire).
Oui, j’envie ces personnes. Très très fort. Car la jalousie a toujours été ma malédiction et mon moteur pour me surpasser (ou dans ce cas, plus que de la jalousie, est-ce de l’inspiration ?). Et à la fois, je pense que j’ai besoin d’aller travailler, pas seulement pour des questions d’argent. Car justement, l’écriture ne ferait que m’enfermer dans une bulle, et j’ai BESOIN de voir des gens, d’être extraite de ma zone de confort, pour découvrir des identités, des personnalités, pour nourrir mes propres personnages et leurs problématiques, leurs enjeux. Comme dit Pax dans le tome 2 de Persona :
Un jour, Andrea m’a récité de la poésie cuivrée. « Les épreuves construisent un chemin derrière nos pas… celui qui rend chacun de nous à la fois fier et humble. » La vie n’est facile pour personne. Les gens meurent. Rien ne fonctionne comme on voudrait. Le monde est souvent injuste. Mais alors quoi ? Il faudrait qu’on renonce à tout, pour éviter ça ? S’enfermer, s’isoler pour croire qu’il n’existe rien autour ? C’est triste. Ce n’est pas une vie. Non. Une vie sans risque, sans joie, sans rencontre, sans aventure, sans amour. C’est juste une survie. Mais ce n’est pas une vie…
Si je ne travaillais pas, peut-être y aurait-il cette perte de substance. D’autant plus que j’ai besoin de me sentir utile. L’écriture EST utile, est même indispensable pour notre société, pour évoluer en tant que civilisation. Mais les retombées sont parfois moins concrète, du moins de manière directe. Nous faisons évoluer les consciences, les mentalités, mais le résultat ne nous parvient pas, et encore faut-il le conscientiser. BREF, j’ai besoin d’AGIR.
L’idéal serait donc, à terme, de trouver un équilibre, avec un mi-temps. Je rêve de travailler en tant qu’ergo sur trois jours, du mardi au jeudi, afin de me laisser les lundis et les vendredis de libre, soit pour assurer les déplacements en salons, soit pour écrire. Jusqu’ici, j’ai réussi, une majorité des années, à garder mes vendredis libres grâce au libéral, même si cette année, la situation exceptionnelle m’a amenée à travailler beaucoup de vendredis. Et cela ne changeait rien au fait que je travaillais malgré tout 45h par semaine au cabinet condensés en 4 jours (sans compter tout l’administratif et autres mails à gérer depuis chez soi).
Mais oui. Maintenant que je commence à gagner un peu d’argent sur mes écrits, j’aimerais en profiter pour libérer du temps. Ce qui ne me semble pas encore gagné, mais continuons d’y croire !
Je termine cette aparté en rappelant une réalité : vivre en tant qu’auteurice, c’est très difficile. Le milieu est précaire. Nous n’avons pas de statut social reconnu en tant que métier. Et nombre de ces personnes que j’ai vues partir vers des rêves d’écriture à temps plein ont dû faire face à certaines désillusions, et revenir vers un boulot alimentaire. Je suis vraiment désolée pour elles, j’aurai évidemment préféré qu’elles accomplissent leur rêve. Mais il me paraissait important de le mentionner ici, car je sais que de nombreux.ses auteurices en herbe seraient tenté.e.s de tout plaquer pour vivre de l’écriture à partir du moment où le premier contrat est signé, voire avant. Ne faites pas ça. Ou si vous le faites, assurez vos arrières avec un bagage financier conséquent. C’est possible de vivre de son écriture ; mais cela fait figure d’exception. Evidemment, cela n’arrivera pas si vous ne saisissez pas l’opportunité, on est d’accord.
La plupart des auteurices à temps plein ne gagnent pas seulement qu’à partir de leurs à-valoirs et de leurs droits d’auteurices. Iels font des interventions, en classe, en salon, des ateliers, des conférences, qui permettent d’accéder à des revenus complémentaires. Iels multiplient les demandes de bourses pour combler les manques. Iels proposent des formations, du coaching, offrent des prestations de bêta-lecture. Bref. Iels ne font pas qu’écrire.
Et NOUS MERITONS notre argent ! De vivre ! Pour cela, des organisations comme la Ligue des Auteurices Professionnelles et la Charte des Auteurices et Illustrateurices jeunesse oeuvrent pour notre reconnaissance. Nous devons échanger ensemble. Lever l’omerta, les tabous, sur les chiffres, pour faire valoir nos droits, négocier, au lieu d’être payés au lance-pierre, au bon vouloir d’un employeur magnanime, et que nous devrions nous contenter des miettes en mode “tâtez donc ma bosse, monseigneur”. Nous, les auteurices, sommes à la base de nos livres, de nos histoires. Nous méritons mieux. Et ça choque toujours les gens de savoir que nous ne gagnons que 7-8% sur le prix de nos livres. Certains auteurices clament le droit à une salariatisation (ça se dit ?) des auteurices, pour des revenus plus fixes, des droits sociaux (congés maladie, congés maternité, etc.), mais au vu des dernières actions du SNE, les éditeurices et les autres acteurices du monde du livre ne seront pas prêts à nous laisser l’honneur d’exister de manière pérenne. Certaines maisons soutiennent des auteurices sur leur carrière entière, et ça vend du rêve, mais de nouveau, ce ne sont que des situations anecdotiques. Nous sommes condamnés à ponctuer de manière sporadique les mille projets des maisons d’édition jusqu’à temps de percer, peut-être, sur un miracle, sur un malentendu, ou sur un succès parfois créé de toutes pièces quand on active les bonnes ficelles marketing. Des apparitions courtes, brèves, sur lesquelles on doit taper le plus fort possible pour espérer retenir l’attention du lectorat, pour peu que la maison d’édition fasse correctement son travail de communication. Au final, le travail d’écriture même et la qualité substantielle n’a pas toujours d’incidence sur les résultats commerciaux d’une oeuvre.
Je me montre très cynique, mais les bons partenaires existent aussi, et heureusement. Sinon, j’aurai arrêté les frais. Des éditeurices consciencieux et conscients, qui font la part entre la réalité du marché et le respect de base que les auteurices méritent, des libraires qui défendent les pépites francophones, des organisateurices d’événements, les collègues avec lesquels on s’entraide sans esprit de compétition néfaste… Tout le monde à son échelle fait vivre ce monde, si fragile, surtout dans les circonstances actuelles, entre mainmises et contrôles des médias, remplacement par l’IA, pour espérer que nous puissions continuer à avancer en harmonie (avant que la nation du feu ne décide de passer à l’attaque). Dans l’intérêt de chacun.e, y compris celui des lecteurices. Merci à tous ces acteurices de Lumière créative, vous continuez de me donner foi dans le monde du livre.
✨ Ecrire, c’est du travail ?
Une question que je me pose de plus en plus en m’approchant de la professionnalisation. Et par rapport à ce que j’énonçais plus haut, je pense que la course au succès a changé la donne dans la matière créative qu’est l’écriture.
Dire qu’on travaille son livre depuis 10 ans n’est pas du tout le flex que l’on croit être. Et j’ai été dans cette position, moi, toute fière de célébrer chaque année une bougie supplémentaire aux Fleurs d’Opale avant de passer le cap de l’auto-publication. Aujourd’hui, ce qu’on recherche, c’est de la rentabilité. Prouver qu’on peut se renouveler, qu’on peut être efficace. Créer une carrière d’auteurice en écrivant un livre tous les dix ans, c’est malheureusement peine perdue. Oui, on commence tous quelque part, on a besoin d’être certain.e de ce que l’on fait. On tâte le terrain avec le worldbuilding, on construit, on questionne, on remodèle. Tout ça n’est pas automatique, au début. C’est une compétence qui s’acquiert. Les gens sont souvent très étonnés quand je leur dis que le tome 1 de Persona a été imaginé et écrit en l’espace de 5 mois, car rien, dans le worldbuilding, n’a été laissé au hasard, et pourtant, tout semble si complet, comme si j’avais réfléchi à chaque aspect pendant des années. Disons que j’ai pris la main avec des univers comme les Fleurs d’Opale ou LMA. Ensuite, on prend les bons réflexes. On sait où pointer le doigt, où retenir l’attention, où créer la différence, la singularité de nos mondes et de nos personnages. Et ça, c’est le fruit d’un loooong travail.
Cela demande du temps, oui. Et ce temps, on le trouve où ? Dans les trous (titre). Dans les moments de temps que l’on vole. Car il faut s’emparer de chaque opportunité. L’écriture est un choix. L’écriture plutôt que lire, plutôt que geeker, plutôt que de se promener. C’est un investissement du temps. C’est même très ingrat, car le résultat n’est pas visible immédiatement. Et puis, il y a les VACANCES.
Avant, j’attendais les vacances avec impatience pour écrire, car je considérais qu’il s’agissait d’un temps conséquent pour exercer ma passion (d’autant plus que papa-maman-mamie géraient toutes les tâches logistiques, repas, ménage, tout ça. Parfois, on râle parce qu’on doit faire une visite, qui au final nous inspire une scène et que l’on s’empresse d’aller écrire au retour. Rien que le fait de se LAISSER CONDUIRE. Les trajets en voiture, casque cloué aux oreilles, meilleurs moments de daydream, maggle).
Aujourd’hui… déjà, je suis adulte (ça fait bient14 ans que je suis adulte, damn). Et le fait d’ajouter une dimension pécunière, un devoir à exécuter, avec des deadlines à respecter, m’offrent d’autres perspectives. Et en faisant le point, en 2023, je me suis rendue compte… que je n’avais pas eu de vacances, du tout. Ou quasiment pas.
En avril 2023, je suis partie une semaine, pour écrire mon tome 3. En juin 2023, j’ai fait une retraite d’écriture… mais en même temps, j’avais une semaine pour effectuer mes corrections édito sur le tome 2. En juillet, rebelote, une semaine avec le BAT à renvoyer ASAP, alors que j’étais en Espagne, où j’ai passé mes journées enfermées dans une chambre (de toute façon, on ne pouvait pas sortir à cause de la chaleur… !). Août, une semaine à réécrire mon tome 3. Toussaint, à la limite, une petite semaine dans la belle-famille mais… des vacances dans la belle-famille sont-elles vraiment des vacances, le débat reste ouvert, niakniak.
Ai-je profité de mes vacances ? Autrement. Et ça sera la même chose cet été. N’ayant plus de travail avec la fermeture du cabinet, j’ai les deux (trois ?) mois à venir entièrement libres pour me dédier à mon prochain roman à rendre en octobre (c’est moi qui ai demandé ce délai. Car je m’en sens capable. Et j’ai besoin de me challenger, je suis plus efficace ainsi.) Et accessoirement préparer mon mariage, aussi, menu détail. Donc quand mes patients me disent “ah bah c’est bien, vous allez vous reposer cet été !”, je ne peux pas leur donner tort. Mon rythme sera tout autre. Mais je vais travailler malgré tout. C’est sûr que la pénibilité de la tâche n’est pas la même ! Je n’aurai à subir leurs adorables marmousets (qui ne sont pas toujours les chérubins qu’ils prétendent être, HM) (je dis ça, mais je les aime beaucoup. Quand même.)
L’écriture est généralement vu comme quelque chose de “futile”. La limite est très flou.e entre l’auteurice amateurice et l’auteurice professionnel.le. Comme ça peut l’être aussi dans d’autres domaines, comme l’illustration. Parfois, cette frontière se situe dans le moment où on commence à gagner de l’argent. Et encore. Les métiers d’arts souffrent de cette réputation. Comme si à partir du moment où on ne souffrait pas au travail, “ça n’est pas un vrai travail”. Que si on prenait du plaisir dans ce que l’on entreprend, “ce n’est pas un vrai travail”. J’ignore s’il s’agit là d’une spécificité bien française, qui rajoute ce statut élitiste de “l’écrivain véritable”, celui qui écrit de la blanche plutôt que de “niaiser” dans les genres de l’imaginaire, souvent cantonnés à un public de jeunesse, inexpérimenté.
✨ Un doux rêve
Je rêve. De reconnaissance. Sociale. Personnelle, même. Me convaincre de ma légitimité. Difficile au sein d’un gouvernement qui ne t’accorde pas de place. Qui joue les sourdes oreilles.
Pas de chance pour moi, mes deux métiers souffrent cruellement de reconnaissance. Et encore, je trouve que, depuis un ou deux ans, je jouis de beaucoup plus de reconnaissance en tant qu’autrice qu’en tant qu’ergothérapeute, c’est dire à quel point mon métier de soins est ignoré et négligé. Et je pense souvent à tous mes confrères, consoeurs, conadelphes (ça se dit ?) : infirmièr.e.s, médecins, aides-soignant.e.s, kinés, orthophonistes, (neuro)psychologues, maïeuticien.ne.s, assistant.e.s sociales.aux, médiateurices, éducateurices, professeurs, directeurices d’établissement, AESH, brancardièr.e.s, auxiliaires de vie, aides ménagères, technicien.ne.s, puers, ass mat… vous tou.te.s êtes formidables. Métiers du care et de l’éducation, pierre fondamentale de ce qu’il reste de sain dans notre société. Ecrasés par des mesures lunaires, ignorés par la société que l’on soigne et que l’on éduque qui nous prend parfois (souvent) pour des larbins. Je ne peux pas dire de ne pas baisser les bras, ça serait hypocrite, et la positivité toxique tue (on en parlera dans une autre lettre). Mais soyez fier.e.s de vous, car je le suis envers vous. Vous faites de votre mieux. Et c’est déjà énorme. Merci.
N’oubliez pas que les prochaines législatives vont prochainement décider de notre avenir. Soignant.s, éducateurices comme auteurices. Et je ne cesserai jamais de rappeler que les gouvernements d’extrême-droite n’ont jamais été en faveur de la culture et de la liberté d’expression… Pour que nos métiers continuent de survivre, voire puissent espérer mieux que ce à quoi nous sommes cloisonnés aujourd’hui, votre bulletin sera papillon ; un battement d’ailes suffit à déclencher une tempête.
Parfois, j’aimerais avoir un métier où on ne tirera pas la grimace, où on me demandera pas des explications. Où j’aurais une valeur sociale dans les yeux de la personne en face de moi. De ne pas à chaque fois raconter, me justifier, me battre au quotidien pour gagner ma croûte. Me décharger l’esprit de ce bagage des attentes, des préconçus des gens. Qu’on cesse de me dire “mais du coup, c’est quoi la différence avec la psychomotricité ?”, “tu as un vrai métier sinon ?”, “écrire, c’est pas si compliqué que ça”, “tu n’as pas de quoi te plaindre”, “oui, en gros, tu ne fais que jouer avec les enfants”.
Ptet juste qu’on me foute la paix, aussi.
Bref.
Aujourd’hui, j’ai fermé mon cabinet, et je n’ai pas de regret.
Je continuerai l’ergothérapie, mais ailleurs. Autrement. Cet été, j’écris.
✨ Mes avancées
Ayant terminé mon gros segment dans Persona livre 4, je mets ce roman en pause pour me consacrer ENFIN pleinement à mes petits dragons. J’ai repris cette semaine et BOUM, 2000 mots en une soirée. On recommence fort ! J’aime quand les univers se déroulent tout seul. J’ai juste l’impression de tourner une manivelle sans effort, et les mécanismes de sa scène s’activent, les décors se plantent d’eux-mêmes. Il y a quelque chose de magique quand on rencontre de nouveaux personnages et qu’on leur offre cet environnement neuf, que l’on voit comment ils évoluent.
Même si Andrea restera (à toujours et à jamais, je pense) mon protagoniste principal préféré, Carl est un protagoniste extrêmement touchant aussi, bien différent, et c’est aussi dans ses relations (et dans ses grosses maladresses dedans) qu’il s’illustre le mieux. J’ai enfin introduit son homologue féminin, et… vraiment, quel plaisir d’écrire avec autant de facilité ! Sans prise de tête ! J’ai l’habitude de dire que mes personnages, ce ne sont pas des créations ; ce sont des rencontres. Iels ont toujours existé, quelque part. Tout est si naturel quand je les mets en scène. Je n’ai que besoin de les guider, mais elleux fournissent l’essentiel du travail. Je me sens leur messagère, pas leur créatrice. Comme si je n’étais qu’un vaisseau, une plume, pour relater une histoire, des parcours, qui ont déjà existé, ailleurs. Le sentiment est très agréable, et moins pesant que la pression de la création perpétuelle.
D’ailleurs, tant qu’on est dans le sujet du travail aujourd’hui, voici le rapport entre ma profession, ou du moins mon expérience professionnelle, et mon prochain projet. Carl et sa dragonne Brodeverre sont tous deux concernés par des neuroatypies. Carl est dyspraxique (il est en difficulté pour coordonner ses gestes, pour se repérer dans l’espace, pour réaliser des gestes simples…) tandis que Brodeverre réunit beaucoup de symptômes du TDAH (elle parle. BEAUCOUP. Elle n’a pas toujours de filtre, d’inhibition, elle est distraite, elle se perd dans ses tâches et dans ses étapes…). Le duo est détonnant mais leur complicité fait fondre le cœur, car chacun.e essaie d’aider l’autre dans ses difficultés.
Mais PROMIS. Je consacrerai une prochaine lettre aux neuroatypies !
Pas de recommandation dans cette lettre (j’ai pas lu, dernièrement) ; pas de salon non plus ou de dédicace ! On se retrouve en octobre pour les Hallienales et Grimloire ! Et d’ici là, bien des lettres auront eu l’occasion de paraître.
Merci d’avoir lu cette newsletter, et bel été à tou.te.s ! Prenez soin de vous, les lucioles.
Moi qui ne travaille "que" en gardes de 12h, et donc pas tous les jours, j'ai une admiration infinie pour le rythme d'écriture que tu arrivais à tenir. J'en serais incapable. D'ailleurs, merci beaucoup pour la dédicace ♥
Mais je n'ai pas bien compris combien de temps tu fermais ton cabinet. Seulement pour l'été, ou de manière définitive ?
C'était super intéressant, merci pour ce partage !